vendredi 28 décembre 2012


Raymonde Peschard

Raymonde Peschard, une Algérienne exceptionnelle 
Dans l'histoire de l'ALN et de la Lutte de Libération nationale, Raymonde Peschard est un symbole : elle est l'unique Algérienne d'origine européenne à être allée jusqu'au sacrifice suprême pour l'indépendance de l'Algérie. 

Née le 15 septembre 1927 à Saint-Eugène(1), au 24 rue Lavigerie(2) dans une coquette maison face à la baie d'Alger, elle fut de tous les combats sur le terrain des luttes politiques et sociales, avant de rejoindre le maquis au mois de mars 1957. Activement recherchée par la police à la suite de l'arrestation de son collègue de travail et camarade de parti, Fernand Iveton(3), elle entra dans la clandestinité. Elle fut capturée par l'ennemi le 26 novembre 1957 dans les Bibans, au lieu-dit Draâ Errih, au Djebel Tafertas, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Medjana. Elle était sans arme. Ligotée, le visage contre le sol humide, elle reçut une balle de revolver tirée à bout portant dans la nuque(4). Elle préféra la mort à la trahison. Dans un communiqué diffusé par la radio et la presse coloniales, Robert Lacoste présenta sa mort comme un titre de gloire pour l'armée française. Raymonde Peschard avait 30 ans. Elle faisait partie du service de santé de l'ALN dans la région du Guergour, avant d'être dirigée vers un groupe qui quittait le maquis pour la Tunisie. A l'indépendance, ses cendres furent transférées au cimetière de Constantine. Elle repose aux côtés de son oncle paternel Edouard qui l'avait recueillie à la mort de sa mère. Elle lui doit son éducation politique et l'idéal de justice sociale qui anima sa jeune vie et détermina son engagement. En hommage à cette femme exceptionnelle et pour rappeler son souvenir aux jeunes générations, l'hôpital de Medjana et une grande rue de Constantine portent son nom. Au maquis, ses compagnons d'armes l'appelaient Taous. 

-Notes : 

1- A l'indépendance, Saint-Eugène a été débaptisé. Il s'appelle Bologhine. 2- Rue Abdenour Laleg, exécuté au cours d'une « corvée de bois », par les parachutistes stationnés au café-restaurant Bellan, aux Deux Moulins. 3- Fernand Iveton, communiste comme elle, fut guillotiné à l'aube du 11 février 1957 à la prison de Barberousse. Il était tourneur à l'usine de gaz de l'EGA (aujourd'hui Sonelgaz) au Hamma. Raymonde Peschard exerça la fonction d'assistante sociale dans cette entreprise. 4- L'officier qui la tua était sous les ordres du colonel Sagalbe, commandant le quartier Nord du secteur Hodna-Ouest (lire La Dépêche quotidienne du 30 novembre 1957 et le Journal d'Alger du 2 décembre 1957). 

Mohamed Rebah
Edition du 12 janvier 2006 > Histoire 
El Watan 
26 novembre 1957 dans les Bibans

Aucun commentaire :